Nationalité : Franco-Libanaise
Christina Anid vit et travaille au Pirée, dans une maison aux allures de château perchée au-dessus d’un petit port de pêche. Sur les murs de son atelier, des centaines d’images percutantes entourent des objets étranges. Les écorchés côtoient les animaux naturalisés, une poupée vaudou grandeur nature regarde des dizaines de globes la tête à l’envers, des bottes ailées et racinées attendent le décollage tandis que des êtres hybrides veillent. Sa maison, qui a beaucoup d’un cabinet de curiosités, est un écrin autant qu’un musée pour tous ces objets curieux et ses créations singulières.
Née en 1974 à Beyrouth d’une mère Greco hongroise et d’un père libanais, Christina Anid s’installe en France avec sa famille à l’âge de deux ans. Elle y étudiera la littérature française à la Sorbonne. Ses grands-parents vivant aux États-Unis, elle passe ses étés entre l’État de Rhode Island et Serifos, une île des Cyclades dont sa grand-mère est originaire.
Ex journaliste spécialisée dans l’environnement et le théâtre, photographe de voyages, créatrice de bijoux et d’albums de photo collages personnalisés, Anid a parcouru le monde avant de s’installer en Grèce où la création artistique a pris une place prépondérante. « Comme dans un jeux de dominos, où parfois une litanie, une chose m’a menée à une autre jusqu’à mon arrivée en Grèce où j’ai replanté mes racines. Les pieds en Europe et le cœur en Orient, Athènes m’a permis d’équilibrer mes aspirations. »
Films d’horreur américains, contes classiques, mythologie grecque, douceur et douleur orientale, univers circassien des années 50, vanitas baroque, surréalisme français : ses influences sont aussi diverses que son parcours est varié et sa capacité à explorer différents mediums et matériaux fait écho à ses origines multiples.
Ses collages et compositions parlent de mémoire, d’appartenance, de liberté. Elle tisse dans son œuvre une cartographies mémorielles où la douceur rencontre la douleur. Elle explore sa finitude avec une exigence de véracité crue. Dans cette quête d’identité onirique, elle rassemble des objets, des images, et ravaude sans cesse le tissu étiolé de ses racines et tente de les ancrer dans le ciel. L’accumulation œuvre telle une recollection, nous entrainant à la suite de l’artiste lorsqu’elle plonge en elle-même. Pour Carine Bokobza, psychopraticienne et psychanalyste, « les œuvres de Christina Anid sont denses, inspirantes et très jungiennes dans le sens où elles portent ombres et lumière, son art transcendant ce paradoxe en les réunissant. »
Active sur la scène artistique internationale depuis 2010, elle participe à l’exposition collective The Art Conspiracy au Art Loft à Bombay où elle reçoit le prix du public pour son « mur de ciels ».
En 2011, elle participe à l’exposition Rebirth organisée par Jeanine Maamari au Beirut Exhibition Center.
C’est en 2013 que la galerie Fadi Mogabgab lui offre sa première exposition en solo à Beyrouth « Lady Creatures ».
En 2017, elle collabore avec la galerie Skoufa à Athènes et à Mykonos.
En 2022, elle présente une rétrospective de son travail à l’Ambassade de France en Grèce.
SERIE EX VOTO SUSCEPTO
Les ex voto suscepto - « suivant le vœu réalisé » - sont des objets de dévotion, des offrandes placées dans les temples ou sur les autels en remerciement pour un bienfait ou en accompagnement d’un vœu, d’un désir qui brûle d’être exaucé.
Depuis la nuit des temps, dans toutes les cultures, dans toutes les religions, les hommes ont toujours cru en le pouvoir de l’intention et ont pratiqué les offrandes comme un moyen de communiquer avec leurs Dieux.
En 2014, Anid commence à acheter des ex votos anciens, des plaques de métal où de cuivre embossées découvertes sur les étals des brocanteurs d’Athènes. Il lui faudra deux ans afin d’accumuler assez de pièces pour réaliser un ange de taille humaine.
Après l’ange viendra un cœur, un œil, un éclair, des mains tendues, une maison volante, une cage ailée, un palais dans le vent, un serpent… Autant d’œuvres où l’on entend l’écho du déracinement, de la transformation et toujours, l’appel de la liberté.
Dans cette série de pièces parées de mystères qui mêlent son histoire à la grande histoire comme son énergie à celle des centaines de voeux qu’elle a recueillis et unis, Anid lie le personnel et l’universel et exorcise la peur en contant des histoires d’amour, d’appartenance, d’errance, d’émerveillement et d’envol…
Dans ces pièces laborieuses et pourtant spontanées, viscérales, elle livre tout sans tout dire.
SERIE LADY CREATURES
Dans une société moderne où l’image a pris une importance démesurée, Christina sonde la femme, et se questionne sur sa nature. De manière obsessionnelle, elle en décompose l’image pour en fabriquer une nouvelle qui nous plonge à l’intérieur de nous même.
Ses créatures étranges, son « freak show en quête de féminité » est une sorte de cabinet de curiosités en papier qui dévoile les facettes les plus tendres et les plus cruelles de la condition féminine.