X
previous
next
Recent Viewed
X

Dernières oeuvres consultées

Fr | Εn
 
BISCHOFF
BISCHOFF
Nationalité: Allemande
Informations sur l'artiste +

Sélection d'Expositions

- In Situ, Galerie ArtFloor (France)

- Galerie Peter Fischinger, Stuttgart

- Frauenmuseum, Bonn

-
Städt. Galerie, Riesa (Turquie)

- Art in Gstadd (Suisse)

- Kunsthaus (Wiesbaden)

- Galerie Schortgen (Luxembourg)

- Mira Arte Gallery (Majorca - Espagne)

- Art Nürnberg, (Allemagne)

- Galerie Anne Huber, Burghausen, (Allemagne)

- Palais Schrottenberg, Bamberg, (Allemagne)

- Artothek, Frankfurt, (Allemagne)

- PS-Galerie, Rottach-Egern/Tegernsee, (Allemagne)

- Gallery Montserrat, New York City, (USA)

- Galerie Maria Keruzer (Amorbach)

- Kunstverein Hofatelier (Weimar)


Biographie

Née en 1962  à Darmstadt, Allemagne.

1981-1985             &nbs p;       
Étudie l'architecture à Darmstadt et obtient son Diplôme.

1985 -1989
Intègre une troupe de théâtre alternatif pour enfants et participe à la création de spectacles en tant que décoratrice et actrice.

1986
Académie d’été de peinture dans la classe de Gregor Hiltner à Triefenstein.

1987
Remporte le prix artistique de la ville de Mühltal.

1988
Voyages d'études à travers le Mexique, New York (USA) et le Canada.

1989
Voyages d'études :  Indonésie et Canada.
Scènographie le projet théâtral "Musicalithe" (musique, danse et jeux de lumière) avec le groupe musical "El duo Flamenco" première à l’ancien Opéra de Francfort.

1990 
Lauréate du prix artistique:"Kunst und Genuß".(art et plaisir) de la ville de  Darmstadt.

1990
- Séjour d'étude en Indonésie participe à la création d’un atelier avec des artistes balinais.
- Académie d'été internationale d’art à Salzbourg  dans la classe dirigée par Sandro Chia (peinture, sculpture et céramique).

1991
-Participe à la création de l’association professionnelle artistique de la ville de Francfort et réalise avec elle le projet : « Kunst am Bau » (art & construction).
-
Voyage d’étude à New York City et participe à la session d’été de l’école «Art Students League of New York »  dans la classe de Bruce Dorfman.
Lauréate du prix de la ville de Bursa (Turquie) 

1992
- S
éjours en Afrique du Nord, réalisation de décors de Théâtre.
Académie d’été à Salzbourg « Peinture et céramique »   sous la direction de Kiki Kogelnik. 

1993
Exposition de projections d’ombres sur tableaux (installation).

1994 
« Work in process » réalisation de projets artistique avec le groupe ARTIG (maison des arts de Wiesbaden).

1995
Réalisation de projets artistiques collectif dans la ville de Helgertsmühle, Odenwald.

2001
Conception et illustration du calendrier annuel des Éditions Merck.

2003
Organisation de 10 expositions (musique et peinture) « Sonntagssalon im Wasserturm » à Darmstadt.

2005
Création avec 3 autres artistes du groupe « Grosses Rosa » (peintures & sculptures érotiques).

2007
- Participation au projet "Stetig Wachsen – Sprechen über Bäume".
- Voyage d’étude à Shangai.

2008
A Dream of Shangai (collages), Exposition H S E de collages « Energien für die Zukunft » (Énergie pour le futur).

2010
Hofgut Gunterhausen/Stockstadt am Rhein

2011
Arbeitsaufenthalt in Istanbul (Turkey)

2012
Reise nach Sudafrika, Johannesburg

 





 

 

« La liberté sur le fil rouge »

Réflexion sur la peinture d’Annette Bischoff par Anja Trieschmann


Sortir du carcan quotidien, écarter pour quelques heures le fonctionnel et ce qui fonctionne, sentir la force et la vigueur là-bas, de l’autre côté, qui cherchent à circuler, s’étendre, se propager sauvagement : c’est pour ça qu’elle se retranche toute seule, de longs moments dans sa journée. Sitôt dans sa tour-atelier avec vue sur les voies ferrées alentours, elle respire. Bouger, voyager, ne serait-ce qu’en soi-même. Surplombant le quotidien, elle attrape jour après jour le fil conducteur de la liberté.

Au commencement était le hasard, à chaque fois : une couleur, une large bande peinte, puis une deuxième, à côté. La toile repose à même le sol, Annette Bischoff se penche sur elle jambes écartées, les pieds de chaque côté du châssis. Peindre de tous ses muscles pour que le corps respire. Et la couleur aussi. Il lui faut respirer, s’étendre, prendre de la place, rire. Quotidiennement, elle peint, Annette Bischoff ne veut pas se restreindre. Ne rien se laisser dicter, « Créer à partir de tout » dit-elle, n’exclure aucune couleur, les laisser vivre, toutes, et si possible sur un seul et même tableau. Dans ces moments, la joie de vivre la submerge : un rouge saturé et d’intenses tons de vert, du bleu marine, du jaune safran. Les couleurs se précipitent, pleines de vie, comme voulant entrer toutes ensemble dans le tableau. Elles se bousculent, dégringolent les unes sur les autres, se superposent, se recouvrent mutuellement, s’entremêlent ou brillent en transparence. Annette Bischoff peint par plaisir, et comme le dit  Robert Delaunay: „ « Je vis. L’art est un moyen de se faire plaisir ou de vivre, rien de plus »

Au commencement était le hasard, et le reste n’est que dialogue avec le tableau, manière de réagir, de jouer, de choisir, d’accentuer. Ce qui compte, c’est que le jeu soit léger, que quelque chose advienne spontanément, sans schéma créatif. Même choisir c’est déjà ludique, l’artiste puisant dans sa réserve de matériel comme des enfants dans leur boîte de construction : coupures de journaux,  carnets de croquis, bouts de papier avec lesquels elle ébauche un ensemble, fixe une pensée. Tout une pile s’entasse sur les chaises, la table, dans des cartons. Annette Bischoff se fait chasseuse et collectionneuse. Qu’elle trouve un thème, il fermente en elle, qu’elle s’en occupe, et elle fait lever tout ce qui lui tombe sous la main: articles, publicités, livres, réserves inépuisables de bouts de papier dont elle dégage promptement l’essentiel. Ce sera les micro-organismes, les arbres, les différentes formes d’énergie, Eros ou bien encore l’architecture chinoise. Le thème vient à elle ou elle à lui, c’est selon. Ses recherches ratissent large, avancent presque à l’aveuglette, dévore-tout ce qui sera par suite digéré par sa peinture. Une infime partie figurera directement sur le tableau terminé, le savoir collecté puis stocké demeurant essentiellement invisible.

La peinture d’Annette Bischoff est un support de sauvegarde qui agit selon le principe du collecter-classer. Elle ressemble à ses carnets de croquis, proches du journal intime où s’entassent pêle-mêle idées, esquisses, trouvailles et autres essais de couleurs, où tout se vaut et peut s’assembler, participant au processus de création du tout. Car son « œuvre », ce n’est pas la perfection, l’harmonie achevée, mais plutôt le capharnaüm provisoire de ce qui lui est arrivé, de ce qui lui est tombé dessus et qui a ensuite évolué. Ses tableaux présentent plusieurs plans, au fur et à mesure que les idées et esquisses antérieures ont laissé leur empreinte. L’artiste n’efface pas ce qui précède, mais le recouvre seulement de ce qui se produit ultérieurement. La complexité du tableau vient par couches successives, la peinture se traverse comme un décalcomanie de la vie sur lequel se déposent les événements les uns après les autres, qui accumule les images. Beaucoup de choses sont masquées, mais ce que l’on peut appeler l’expérience augmente, cette connaissance dont la valeur reste incommensurable et que l’on ne pressent que par l’ensemble.

Annette Bischoff n’a pas envie de se restreindre, et pour ses motifs comme dans ses choix de couleurs, elle crée à partir de la profusion. Toutes ses préoccupations figurent dans sa peinture, mais sous une forme indirecte, transformée, s’adaptant à l’essentiel, au noyau thématique du moment. Elle s’attache aux ombres, aux contours, à cette rencontre de surfaces et de lignes dans tout ce qu’elle considère. Peindre est sa manière à elle de systématiser ce qu’elle voit, par suite d’approfondir « ce que  le monde contient au tréfonds de lui-même ». Des micro-organismes, des feuilles, des plantes, des arbres, même des organes génitaux et des structures archaïques : tout se ramène à sa plus simple expression et s’ajoute comme ornement ou estampille à la figure globale exposée, ne recouvrant une fois encore qu’une infime partie du tableau. Ou bien c’est la réalité qui se glisse sous la couleur, en forme de photos et fragments de texte dans un collage intensément repeint, répondant en tout cas à des exigences d’ordre purement esthétique. Réduire le réel à ses particules élémentaires pour en faire quelque chose de nouveau, de subjectivement modifié : là réside non seulement le plaisir de créer, mais aussi l’ouverture au monde et son dévoilement progressif. Si le thème du moment est essentiel dit-elle, pour s’informer et aiguiser le  regard, il n’est en premier lieu dans sa peinture que prétexte au phénomène esthétique visant le plaisir sensible.

Un tableau ne vient jamais seul. Une idée est  toujours à l’origine de toute une famille de motifs qui surgissent en même temps que des séries de 20 à 30 pièces. Cette manière de travailler en simultané, elle l’appelle « jouer sur un thème jusqu’au bout ». On trouve ainsi de profondes résonances de son voyage en chine de décembre 2007  dans tout le cycle appelé ironiquement „A dream of Shanghai“, qui renvoie et à une série de collages d’images ornementales et figuratives, et à une autre série plus conséquente, d’éléments basiques et abstraits pour des tissus, pour des tapis aux tonalités sorties tout droit du ciel et de la terre, avec en leur milieu de fines rayures horizontales, agrémentées d’un décor floral se répétant par rangées. Les motifs et la matière font tout d’abord croire à des tapis anodins.  Mais son expérience de Shanghai est pourtant là, en arrière plan, et le retrait de l’âme, fondement architectonique de la métropole économique, dissimulé derrière l’abstraction artistique. A Shanghai, raconte Annette, épouvantée, les tours sortent du sol plus vite que des plantes. Dans ce délire de modernisation, ce sont les dernières dents de la civilisation chinoise ancestrale et si raffinée qu’on arrache. En leur lieu et place prolifèrent des univers de béton où miroite le verre de leurs centaines d’yeux bridés. L’homme est massivement repoussé et définitivement banni de cette étanchéité matérielle. 

Et dans ses collages, c’est la même chose: ni l’épouvante d’A.Bischoff face au vertigineux  anéantissement de la civilisation chinoise, ni sa critique de la consommation n’apparaissent au premier plan, et elles sont bien là pourtant, dissimulée derrière le parti pris esthétique de faire figurer d’abord la forme avant le fond. Les annonces immobilières chinoises, ces chiffres minuscules qui scintillent dans les tableaux d’A. Bischoff, deviennent un élément du décor débordant la couleur. Derrière ce qui est imprimé en petits caractères se trouvent des hommes à la recherche d’un logement de fortune, voire plus encore, d’une patrie, et voilà qu’on peut encore y lire une subtile critique du système qui vient s’inscrire dans l’esthétique de premier plan. L’animation pittoresque des rues de Shanghai est un autre exemple de lisibilité à double sens de ses tableaux: des affiches lumineuses criardes, fixées sur la photo, font l’objet d’un collage extrêmement serré, archi-condensé par le cadre de l’image, et invitent à se plonger innocemment dans ce bain de coloris asiatiques. En chine, le rouge, le jaune, l’orange et le rose recherchent manifestement l’attention d’une clientèle fortunée, et l’appel à la consommation scintille de toute part. Annette Bischoff intensifie cette impression d’envahissement en procédant par ajouts et superpositions, concentrant les flots de couleur sur petit format jusqu’à ce que l’explosion menace, ce qui engage alors à une seconde approche: en chine, le rouge est la couleur du pouvoir. Elle est partout, comme l’Etat. Tout va bien pour nous crie-ton du haut des affiches lumineuses, gigantesque mascarade cachant derrière elle misère, censure et  atteintes aux droits de l’homme.

Une nouvelle fois encore, comme si souvent déjà dans le travail d’Annette Bischoff, images, événements et matières se pressent, se poussent, se superposent sous un déluge de couleurs et de formes. L’artiste traverse la jungle des images qui se sont gravées en elles au cours de son  voyage mais n’expose pas de manière offensive son potentiel d’indignation. Annette Bischoff ne veut pas prêcher, sermonner. Dissimulée par les couches de couleurs et d’images, sa critique laisse transparaître une joie de vivre profondément enfouie sous la mise en scène. Le pittoresque réside volontairement au premier plan, pas le message. « Un rêve de Shanghai » peut être lu à double sens : comme la vision d’une Alice au pays des Merveilles titubant naïvement face à cette marée de couleurs, ou bien comme le commentaire de cette anesthésie à grande échelle d’un peuple tout entier, dont la joie de vivre se berce d’illusions sous le mépris et la privation sans pitié. Il y a en Annette Bischoff deux âmes qui sommeillent et ses tableaux sont faits à son image.

Traduction française : Emmanuelle Chaput.

 

 
 

Toutes les Oeuvres de l'Artiste

 
Afficher plus