Street View
Choisir un point, descendre, regarder, avancer, glisser, pivoter, reculer, quitter, oublier et
recommencer... Plus loin, toujours plus loin.
Street View c’est cette fonction de Google Maps qui permet de « circuler » dans
n’importe quelle rue/route d’une soixantaine de pays de la planète. Pour
cela il suffit d’un innocent glissement de souris... On est aspiré instantanément,
puis parachuté sur le terrain de manière militaire en trois secondes. Rien à voir avec le vol
plané d’un oiseau. Pour ma part ce que j’éprouve à ce moment-là
n’est pas une douce sensation animale, mais plutôt un rudoiement suivi
d’un bref vertige nauséeux. C’est une descente froide et technologique qui
se répète de manière identique autant de fois que je la sollicite. Aussitôt après
l’atterrissage survient l’instant transitoire où l’image se constitue
par l'intermédiaire d'une série de contorsions maniérées, de grimaces et d'étirements
colorés. C’est le moment précis où cette clownerie intéresse la peinture.
Encore mystérieuse, fragile et imprévisible, l’image exhibe sa nudité numérique.
Elle dévoile brièvement à qui sait le voir, son corps interne, entrailles d’un
organisme charnel et joyeux. On assiste ravi à un feu d’artifice à rebours. Ensuite,
devenue nette, l’image se révèle banale, parfois intéressante, mais souvent
décevante. On avance en espérant mieux, provoquant une nouvelle série de facéties
colorées. Mais notre oeil reste en cage, embarqué à bord d’une Cadillac
hollywoodienne où le monde défile par des fenêtres truquées. On est immobile, juste un peu
balloté. On erre dans un road movie infini hanté par des acteurs sans visages, muets et
immobiles. Il n’y a pas de scénario, juste une volonté immédiate d’action
dans un monde atemporel. En marge, il y a le grain de l'asphalte, l'herbe du talus ou les
façades hermétiques, les collines au loin qu’on ne peut ni toucher ni atteindre.
Assurément on ne fait pas partie du paysage.
Si je m'échappe, c'est uniquement par le haut, vers la carte, vers moi-même, vers le réel.
Dominique Emard - 2014
Actualité : http://www.huffingtonpost.fr/georges-ranunkel/peinture-
emard_b_1966582.html
Peintures (vues du ciel)
Mes toiles
« vues du ciel » sont élaborées à partir de photographies issues de satellites
d'observation ou de web-cams. J'ai toujours porté un intérêt particulier à la géographie, les
cartes et les atlas. C'est donc très naturellement que je collecte ces images sur le web, là où
elles se développent et pullulent par millions. Elles me servent à ébaucher la structure de
mes tableaux et à en donner la tonalité d'ensemble. Ensuite mon travail consiste à
interpréter librement ces photographies, à digérer leur froideur et leur inhumanité et à
mettre en lumière leurs évidences et leurs paradoxes. Par le biais de l'épaisseur de la
peinture et le jeu de la couleur, je leur attribue une matérialité qu'elles ne possédent pas.
J'aime également jouer avec leur échelle, ce qui me permet de mettre en oeuvre petits et
grands formats, de confronter vides et pleins, et d'avancer sur la frontière nébuleuse;
figuration/abstraction.
En règle générale, mon choix se porte sur les villes ou sur
les traces de notre civilisation humaine. Mais, je ne sélectionne pas au hasard; il faut que
l'image retenue possède un intérêt graphique et qu'elle soit liée de près ou de loin à une
émotion personnelle ayant pour base un texte, un film, une musique, un souvenir, une
« sensation géographique » ou un contexte géopolitique
D.EMARD
Street View
Target a destination, move down, forward, drag, rotate, go backward, turn left, right again
and again...
Street View is the best known Google Maps feature that allows you to "promenade" virtually
in any street / road of over sixty countries around the world. Just a small click on the mouse
... and you either jump in a street of or the place where you were vanishes. But make no
mistake, even if one can feel free of going anywhere as a bird Fly like if flying like a bird, it is
in fact a cold and technological approach. As soon as one clicks, the image is reshaped
through a series of algorithms that stretch, and link several views. My new series that follows
the Cities painted from Above focuses on this very moment of hybridization of the
Landscape. (…)
Dominique Emard - 2014
Art studies in Orleans (graduated in 1986)
Collective exhibitions in
Paris, Lille, Bruxelles,Versailles, Rouen, Arras.
Numerous group shows since 1999 in Orléans, Beaugency,
Vendôme, Tulle, Brive…
Prize : Prix Lefranc-Bourgeois in 2003
In the press : http://www.huffingtonpost.fr/georges-ranunkel/peinture-
emard_b_1966582.html
Private collections:
Germany, Belgium,
United-States, France, Netherlands.