ArtFloor met l'Art Contemporain en ligne
Une galerie virtuelle au service des jeunes artistes.
L'idée a germé il y a un an et demi, lors d'un bivouac dans le désert marocain... Geoffroy de Francony, 29 ans, diplômé de l'Ecole du Louvre et George Ranunkel, 28 ans, issu de l'Institut supérieur de gestion, décident de créer ensemble une galerie virtuelle entièrement dédiée à la vente d'oeuvres de jeunes artistes contemporains. " Nous avons constaté qu'il y avait en France une fracture entre le grand public et l'art contemporain. Elle est due à la fois à la nature des oeuvres proposées, souvent incomprises, et au fait que les galeries exposent de moins en moins de jeunes artistes. Quand elles le font, les prix sont inabordables ", constatent-ils. Internet a semblé aux deux compères le moyen le plus adéquat pour renouer avec la vocation originelle des galeries, promouvoir de jeunes artistes et vendre leurs oeuvres à un prix accessible. Avec, en plus, la possibilité d'avoir une visibilité mondiale et de toucher une nouvelle clientèle qui n'ose pas habituellement franchir la porte d'une galerie.
Sobriété
Après avoir planché plus d'un an sur le sujet et investi un peu moins d'un million de francs dans l'aventure, le tandem a ouvert les portes virtuelles d'Artfloor.com en juin dernier. Sobre, esthétique et moderne, le graphisme du site tranche singulièrement avec les codes en vigueur sur le Web. Développé par ID Online-Publicis Networks, il utilise la technologie de Noheto qui permet de présenter les oeuvres sous toutes les coutures. A l'exception de la dimension du tableau que l'on ne peut appréhender sur écran, l'internaute peut quasiment s'immerger dans la toile en zoomant sur n'importe quel détail pour en apprécier le trait et la matière. Les fondateurs du site ont voulu que la qualité de " l'accrochage " virtuel pallie l'absence de contact physique avec l'oeuvre. " Le frein est essentiellement d'ordre psychologique. Nos clients nous disent être venus sur le site par curiosité et non pour acheter. Mais aujourd'hui, une trentaine se sont laissé séduire et n'ont pas été déçus lorsqu'ils ont reçu l'oeuvre. En cas de non-satisfaction, ils peuvent nous retourner le tableau, mais cela n'est jamais arrivé."
Retour aux origines
En revenant aux sources du métier de galeriste, le duo a sélectionné les oeuvres d'une trentaine d'artistes parmi les quelque 4 millions de peintres amateurs qui pratiquent en France (seulement 2 % d'entre eux arrivent à exposer en galerie). La mise en ligne des oeuvres est gratuite. Artfloor prélève une commission de 35 % sur chaque vente, contre 50 à 80 % dans les galeries classiques. Le catalogue, établi en fonction de la qualité des oeuvres, met l'accent sur la diversité des styles (figuratif, abstrait, etc.) et des techniques (huile, aquarelle, photo, etc.)
La sélection est volontairement courte. 550 oeuvres en vente aujourd'hui, et la galerie ne devrait, à terme, pas dépasser les 1000 oeuvres afin de ne pas transformer le site en " bazar de l'art ". " Notre ambition est de créer une nouvelle clientèle de collectionneurs d'art contemporain. Pour 3.000 ou 5.000 francs, ils peuvent acheter une oeuvre originale susceptible de prendre de la valeur. Nous sommes une alternative aux galeries traditionnelles, nous leur préparons leur future clientèle. En fait, notre travail consiste à mettre en rapport des artistes qui ne vendaient pas avec des acheteurs qui n'achetaient pas... "
15 000 visiteurs sont déjà passés sur Artfloor. La jeune société souhaite lever cette année des capitaux pour se développer. Avis aux amateurs.
Fabienne Reybaud - La Tribune - édition du 10/10/2001