ArFloor.com
sort les artistes de l'ombre.
La galerie virtuelle d'oeuvres
d'art connaît un beau succès d'estime malgré sa grande
discrétion. Elle veut le transformer en véritable succès
commercial.
Créé
en octobre 2000 par Geoffroy de Francony, ancien de l'école du
Louvre, et Georges Ranunkel, ancien consultant ayant travaillé
au Musée d'art moderne de Montréal, le site ArtFloor.com
rencontre un beau succès d'estime malgré sa grande discrétion.
C'est une galerie virtuelle destinée à la promotion et à
la vente d'oeuvres d'artistes encore méconnus. Les internautes
peuvent choisir entre près de 600 oeuvres (peintures, photos,...)
d'une quarantaine d'artistes. "Nous avons choisi de n'être
présents que sur Internet, nous n'avons pas de galerie physique
et les oeuvres restent chez les artistes jusqu'à leur expédition
chez l'acheteur", explique Georges Ranunkel. Acheter un tableau
sur Internet ne suscite plus guère de réticence de la part
de la clientèle du site : jeune, relativement aisée, et
déjà rompue avec l'achat en ligne.
Les deux fondateurs ont tissé des liens étroits avec de
jeunes artistes qui voient là un bon moyen d'exposer et, souvent,
de vendre pour la première fois. En sept mois d'existence, ArtFloor
a déjà vendu une centaine d'oeuvre au prix moyen de 610
euros. La société prélève une commission brute
de 43%, moins élevée que celle demandée par les galeries.
Sans publicité, sans budget marketing, avec développée
et hébergée gracieusement par Noheto, une société
de gestion de contenus, ArtFloor n'a pas encore épuisé
son capital de départ de 76.000 euros et ses comptes sont déjà
équilibrés.
Mais le site a de nouvelles ambitions. Il négocie actuellement
une levée de fonds de près de 760.000 euros auprès
d'investisseurs privés. Dans cette démarche, ArtFloor
est renforcé par l'arrivée de Pascal Le Moil, ex-directeur
opérationnel de N@rt, le site de vente aux enchères. En
outre, ce dernier sera chargé des diversifications. Il n'est toujours
pas question d'ouvrir une galerie, mais plutôt de mettre l'accent
sur les marchés américain et japonais. "C'est aux
Etats-Unis qu'est le vrai marché de l'art. Déjà,
sans publicité, 10% de nos ventes s'effectuent là-bas",
explique Georges Ranunkel. Au Japon, ArtFloor se lance dans la
vente de lots d'oeuvres d'art pour alimenter les galeries locales. Autre
apport de Pascal Le Moil, sa connaissance du milieu de l'art français.
Il pourra convaincre des artistes connus de vendre des oeuvres sur le
site, favorisant ainsi l'augmentation du prix moyen des ventes. De plus,
ArtFloor a réfléchi aux conditions de vente en ligne
d'oeuvres "sur offres" ou vente au plus offrant sans enchère.
ArtFloor a retenu les leçons des démêlés
de N@rt avec les commissaires-priseurs.
Enfin, ArtFloor négocie
un partenariat marketing avec 1855, le cybercaviste. "Nous partageons
la même vision de la vente en ligne et nous avons le même
type de clientèle. Nous pourrions, par exemple, décorer
leurs catalogues de vente et ils pourraient envoyer une bouteille de vin
à chaque acheteur de tableau", imagine Georges Ranunkel.
Avec toutes ces diversifications, le site dérogera à ses
principes minimalistes. Pour un chiffre d'affaires estimé à
350.000 euros fin 2003, la société devrait afficher une
perte de 278.000 euros. Des pertes qui se transformeraient en bénéfice
de 550.000 euros fin 2005, pour un chiffre d'affaires de près de
2?7 millions d'euros.
Enguérand
RENAULT
Les Echos
Lundi 13 mai 2002
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